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Archives du Semenoir de Maryse Hache

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samedi 14 jan 2012

le fauteuil / rebond entrelacé à autobiographie des objets | 58 @fbon

 

rebond entrelacé à autobiographie des objets  58 de françois bon

texte mien seul publié aussi dans les commentaires de autobiographie des objets


Nous aurons été des inquiets. Nous n’aurons pas su habiter. Ces maisons dans lesquelles on entrait avaient leur permanence : les vies s’installaient une fois par toutes. Pour ça aussi que les cassures sont si dramatiques : ils n’ont pas appris à faire sans. Pour ça aussi qu’un livre comme Sans famille d’Hector Malot nous harponnait plein ventre.

ils avaient su habiter dans ces maisons deux fois pout toutes une première chacun au fond de leur enfance un au pas de calais à boulogne sur mer une à maisons-alfort une deuxième réunis au fond du mariage en vallée de chevreuse seine et oise dans la rue qui passe sous un grand viaduc . pour ça que l'aubépine des fiançailles plantée à maisons-alfort devait la suivre déplantée et replantée au jardin de la vallée de chevreuse  et y entrer en permanence 

J’en revois, de ces maisons : comme ces cousins pharmaciens, dans la grande rue droite qui traverse Mirambeau, la maison bien trop grande, ses pièces inutiles et les souvenirs des voyages – eux, qui m’avaient offert Sergent Pepper’s, que je n’aurais eu les moyens de me procurer seul, ou bien même je n’aurais pas osé.

j'en revois de ces maisons : comme celle de ces oncle et tante dans la belle avenue de lamballe du paris seizième maison très grande à piano et salle de bains ou celle de ces autres au fond d'une cour rue falguière quinzième arrondissement de paris appartement à immense couloir courbe au bout duquel était ils disaient l'office et je crois gens de maison dans une immense pièce il y avait deux immenses fauteuils en cuir blond tabac

Ou bien quand les grands-parents, une fois le garage de Saint-Michel en l’Herm vendu, comme on vendrait quarante ans pile de sa vie, s’étaient établis à Luçon, quinze kilomètres, dans une maison où tout de la leur avait pu se poser armoire par armoire et chambre par chambre sans changement.

ou bien quand les grands-parents avaient quitté chacun leur enfance une de l'avenue emile zola l'autre de je ne sais pas où et s'étaient installés au fond du mariage quelques rues du paris quinzième plus loin avenue felix-faure ils avaient posé un buffet une petite vitrine une table six chaises une bibliothèque en acajou avec porte vitrée leur lit et une armoire il y avait un grand fauteuil louis XIII

Au lieu de ça, nous errons, à peine posés dans des villes malades.

sais-je habiter la maison mienne au présent de la vallée de chevreuse quatre fois pour toutes?

J’avance ici à tâtons : j’avais l’image de ce fauteuil, soudain retrouvé en août dernier, dans cette maison de Damvix où je n’étais pas entré depuis probablement vingt ans – ce n’est rien, vingt ans, quand on marche dans ses souvenirs. C’est beaucoup pour une maison : le ciment fatigue, les choses décrépissent, elles sont restées là pourtant, elles n’ont pas bougé, même ce désordre de papier, dans le tiroir du milieu du buffet, on pourrait trier ce qui remonter à quarante ans et plus, et porte les marques manuscrites de tant de décès depuis lors.

j'avance dans le souvenir de ce fauteuil louis XIII toujours là en sa permanence depuis plus de cent ans dans les maisons de la famille et avant en quel lieu. a-t-il été détrempé lors de la crue de la seine en 1910? 

Avenue Emile Zola

http://lefildutemps.free.fr/crue_1910/quinzieme.htm#emile_zola

 

il a déménagé peu aprés avec ma grand-mére au fond de son mariage avec fernand avenue felix-faure. il était installé devant la bibliothèque acajou à porte vitrée parallèle à la fenêtre (autant qu'un fauteuil peut -être parallèle à une fenêtre) en face du piano sur lequel était posé un rectangle d'eau dans lequel nageaient quelques poissons rouge. faisait face au fauteuil louis XIII celui de mon grand-père lorsquil recevait visite fauteuil roulant celui-là avec manivelles car il était cul de jatte . 

Dans son fauteuil, mon grand-père lisait le journal. J’en revois les vieux cartons, c’était L’Éclair, ou L’Ouest-Éclair avant que ça devienne Ouest-France– peut-être parce qu’à notre visite mensuelle nous les rapportions, les journaux du mois. Dans un garage c’est une marchandise qui a bien de l’utilité, pour protéger un tapis de sol de voiture (il n’y avait pas encore ces housses de nylon qu’utilisent maintenant les garagistes, et pour isoler aussi les pièces de carrosserie à repeindre.

dans son fauteuil roulant mon grand-père lisait Combat. le rituel de la lecture était lié à celui des petites miettes platese et brunes déposées à la surface du rectangle d'eau  pour nourrir les poissons rouge. puis venait le rituel de la couverture qu'il disposait autour de sa taille car il allait bientôt prendre sa place de vigie à la fenêtre et il se protégeait d'un petit vent qui passait en bas de la dite fenêtre qui avait nom coulis d'air

Et l’usure vaut pour un simple fauteuil de rotin, et son coussin maigre. Au point même de se dire, s’il a survécu ainsi, même dans la pièce à vivre qu’est la cuisine, c’est qu’on ne s’y assoit pas – enfin, pas beaucoup. Les deux fauteuils étaient en vis-à-vis de la fenêtre, pour la lumière, la cuisinière de fonte sur la gauche, pour la chaleur, mais un petit convecteur électrique rajouté, dans leurs dernières années, plus immobiles. À l’autre bout de la pièce en longueur, la pendule verticale, son carillon et son tic tac : comme dans toutes les maisons françaises, je suppose, le temps non pas pour qu’on le mesure, mais plutôt pour symboliser cette vie résiduelle des lieux, que vous soyez présent ou pas. C’est à côté qu’avait dû venir le poste de radio, puis, plus tard, la télévision – bien trop loin d’ailleurs pour que du fauteuil ils la regardent vraiment, sinon « les nouvelles », assis directement à la table, plus près. Lorsqu’il m’est arrivé de partager la maison avec ma grand-mère, dans les dernières années qu’elle y a passé, bien quinze ans après son décès à lui, pour lire le journal elle prenait son fauteuil, mais je ne me serais pas permis de prendre le vis-à-vis.

et l'usure est venue dans l'assise des visiteurs. fernand ne se déplaçait guére en dehors de la maison et pour cause.  il y avait le jour de la tante madeleine à l'haleine nauséabonde raie au milieu et frange au ras des yeux qui lui donnait l'air un peu buté petit ruban noir autour du cou pour tenir les rides véloces venait-elle de bezons où elle a tombeau. il y avait le jour du cousin lucien grand homme autrefois blond ou roux, en âge de grand-père lui aussi, on le disait avec du solennel respect dans la voix ingénieur aux ponts et chaussées un jour d'été où notre famille prenait vacances on apprit sa mort au soleil de la plage . il y avait le jour de la tante georgette elle venait de la rue d'en face houdart de la motte on pouvait lire sur la façade de son immeuble gaz à tous les étages elle aussi raie au milieu air un peu buté elle était originaire d'alsace. il y avait le jour de jacqueline souris. et il y avait tous les jours - l'une habitait le même appartement que le fauteuil, l'autre le cousin habitait l'appartement au-dessus - deux petits mioches juchés sur le fauteuil à goûter au vert paradis à jouer à des jeux au fond de leur enfance à s'inventer des paroles que personne ne retrouve au fond de leur adulteâge 

Aucun de nous pour contester à J-C. que cette maison devienne sienne : quand, à dix-huit ans, il a appris qu’il aurait à se passer de la vue, on a tous commencé d’en porter la question en nous-mêmes. Et c’est peut-être pour cela qu’il m’était à la fois si difficile d’y revenir, mais qu’en même temps c’est possible : dans la maison, le fenil, le garage, le jardin et même les conches, J-C. voit. Mais ce qu’il voit, c’est probablement exactement ce que je vois moi au-dedans, incapable de présent. Et donc la cuisine restée strictement à l’identique : que lui importe, à lui, qui voit avec les mains, et ces curieux sens de la présence à distance qui ne nous sont pas accessibles. Là où était l’ancien placard, on traverse le mur. J’ai beau savoir qu’il s’agit d’une ouverture banale à l’excès, de ciment brut (pourquoi J-C. se préoccuperait-il de peinture, et on dirait que les siens ont intériorisé cela aussi, que ça fait partie du partage qu’on lui doit), je ne pourrai jamais franchir cette ouverture sans l’impression que je traverse le placard et les objets qui sont sur les étagères de bois minces, déformées par l’humidité résiduelle et le poids de ce qu’elles contiennent. Ainsi, dans ce qui était leur chambre, et là où je l’ai vu pour la dernière fois, le salut qu’on fait aux morts, le front froid qu’on embrasse et ce curieux visage qu’on ne reconnaît pas [1], presque enfant et rétréci, les mêmes tableaux sont restés aux murs, et pareille la fenêtre qui semble désormais enterrée par la route sans cesse exhaussée, maintenant que Damvix est devenu une étape touristique dans le maraismouillé. Ils ont cassé la cloison et ils ont bien fait : d’ailleurs, à découvrir par la trace au plafond quelle en était l’épaisseur, ça n’a pas dû être difficile. L’armoire aux livres, qui est le terme de celui-ci, mais qu’il n’est pas temps de rejoindre encore, était ici, où il y a de vagues étagères et un journal. Ici aussi le téléphone, et comme c’était le seul aux Bourdettes, le nom du lieu-dit, le 6 à Damvix servait au voisinage, pour les vêlages notamment. L’armoire aux livres est partie au grenier, on devait aller la voir, et puis j’avais ma dose d’intensité, on a gardé ça pour plus tard.

la pièce habitée par le fauteuil on la disait salle à manger. je vois encore au-dedans la table le poële vert bronze avec une petite porte que l'on ouvrait quelquefois pour y glisser un plat que l'on voulait garder chaud à côté une petite vitrine où s'exposait quoi d'autre qu'une petite figurine danseuse espagnole à jupe volants et pois les six chaises et du côté opposé au fauteuil sur un petite table un grand poste de radio avec une petite ligne verte lumineuse trait de repérage des stations et j'entends encore au-dedans une sorte de gazouillis sonore lorsqu'on tournait un bouton qui modifiait la position du trait vert

Il n’aurait pas laissé se perdre du papier comme ça, le grand-père. Les enveloppes reçues par le courrier étaient décollées à l’eau dans une bassine, pendues au fil à linge pour séchage, et recollées à l’envers pour le prochain envoi.

jamais je n'ai vu la grand-mère dans le grand fauteuil Louis XIII

Ce que je sais, c’est que l’idée du journal quotidien s’est prolongée selon nos usages de la ville. Périodes où, reprenant le train pour Tours, le soir, j’achetais à la gare Montparnasse le Monde et l’heure de train était exactement le temps de la lecture intégrale, nécrologies et annonces de thèse compris. Est-ce que je passe moins de temps aujourd’hui à me renseigner sur le bruit du monde ? Pas moins de toute façon, même si je n’ai jamais dû acheter de journaux ni magazines au format papier depuis presque une dizaine d’années. C’est la façon de faire qui a changé, on peut aussi glisser vers des sources bien plus spécialisées, et les journaux n’ont plus le monopole de la réflexion écrite, pas plus que les livres imprimés le monopole de la littérature.

Après son décès, le journal continue d’arriver, de la même façon, à la même heure. Parfois, dans ces quelques mois (au retour de la Villa Médicis), où je m’héberge à Damvix, je romps avant elle la bande brune. Elle le lira après son repas. Je n’ai plus souvenir de comment ils le lisaient, sur les deux fauteuils, à tour de rôle ou en se passant les pages.

aprés le décès du grand-père le fauteuil s'est installé rue brézin quatorzième arrondissement de paris. et c'est le père qui s'y asseyait. il y lisait France-soir et le dimanche le Hérisson.  (le buffet avait déménagé chez un petit-fils en province avec la petite vitrine le poste de radio avait disparu dans un cimetière aux objets obsolètes) peu de jours avant sa mort il s'y asseyait encore. il avait habité trois fois pour toutes une au fond de son enfance et deux au fond de son mariage

« On parle de toi dans le journal », dépôt aussi de l’autorité symbolique : les accidents ou les prouesses. Peut-être que plus tard, dans ma propre famille, un bout d’article dans Ouest-France (y compris dans celui où, après inversion de ma photographie et de celle de Leslie Kaplan, les critiques des deux livres étaient inversées aussi) valait pour preuve bien mieux que le livre lui-même – mais il fallait qu’il s’agisse d’un journal légitime sur le territoire même, leMonde par exemple n’opérait pas.

aprés la mort de mon père, c'est dans le fauteuil Louis XIII que ma mère pleurait et lisait les journaux

La permanence serait dans ce rapport au verbe habiter  : l’isolement où on est, comment le relier à la communauté. Les lettres et le courrier postal l’accomplissent pour le domaine privé, le journal s’en fait la médiation pour le domaine public. Il se trouve que pour nous désormais les deux instances en gros se rejoignent, sans pourtant se confondre. Le temps de veille que j’organise est évidemment variable, n’est plus conditionné par la source unique du journal parce que c’est celui-ci dont on se saisit gare Montparnasse, ou bien qui vous arrive par la poste. Le matin, vers 5h, dans ma rue, j’entends le bruit de la Mobylette qui délivre à quelques personnes La Nouvelle République du Centre-Ouest, que pour ma part je ne lis pas – n’étant pas dépendant du territoire départemental ou régional pour mes activités.

je ne lis plus guère les journaux  papier et ma grand-mère s'appelait blanche

Quand l’heure de lecture était finie, ma grand-mère avait pour autre rituel de partir chez Blanche, la voisine, et lui porter le journal lu, en rapportait le journal de l’avant-veille, parce que Blanche à son tour avait passé celui de la veille à sa voisine, qui ne connaîtrait jamais la vie du monde autrement qu’à un jour de décalage. Presque une propagation de liens pour nous aujourd’hui, partageant les articles repérés, selon les diverses communautés qui sont les nôtres, et chacun ses intersections propres de communauté.

je ne me souviens pas avoir jamais vu ma grand-mère lire un journal

J’approche progressivement de l’armoire aux livres, qui sera mon terme, dans la pièce désormais sans cloison où je revois le front dur et blanc du grand-père mort.

le fauteuil Louis XIII  habite maintenant une maison de l'ancienne seine et oise, dans la rue qui passe sous un viaduc. on y voit certains jours à côté d'une fenêtre une femme assise lisant écrivant sur un rectangle plat et lumineux

Au mois d’août dernier, j’ai revu ce fauteuil, comme à la fois surpris qu’à écart de vingt ans, en rotin fragile, il ait pu ne pas s’éloigner de la fenêtre avec la lumière, et du petit convecteur électrique, à la fois dans la certitude que c’était normal. Peut-être que J-C., propriétaire désormais de la maison, utilise le fauteuil pour cette légitimité même. Moi j’y revoyais le moment, après repas, qui était réservé à la lecture du journal : l’identification qu’on a à l’information quand elle est liée à celui de votre communauté, qui était d’abord celle d’un pays, la commune, le canton, le département – puisque ainsi était construit le journal –, pour eux qui savaient encore habiter. Ce ne l’est plus pour nous.

en ce mois de janvier 2012 sais-je encore habiter?
 


texte de françois en caractères romains
© François Bon _ 1ère mise en ligne et dernière modification le 7 janvier 2012
texte mien en caractères italiques
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quelque chose bloque pour que le texte soit entièrement bien justifié à droite / ai encore des progrès à faire à moins que cela vienne de la bascule texte rédigé sur iPad vers terface de typepad

 

samedi 14 jan 2012

 

rebond entrelacé à autobiographie des objets  58 de françois bon

texte mien seul publié aussi dans les commentaires de autobiographie des objets


Nous aurons été des inquiets. Nous n’aurons pas su habiter. Ces maisons dans lesquelles on entrait avaient leur permanence : les vies s’installaient une fois par toutes. Pour ça aussi que les cassures sont si dramatiques : ils n’ont pas appris à faire sans. Pour ça aussi qu’un livre comme Sans famille d’Hector Malot nous harponnait plein ventre.

ils avaient su habiter dans ces maisons deux fois pout toutes une première chacun au fond de leur enfance un au pas de calais à boulogne sur mer une à maisons-alfort une deuxième réunis au fond du mariage en vallée de chevreuse seine et oise dans la rue qui passe sous un grand viaduc . pour ça que l'aubépine des fiançailles plantée à maisons-alfort devait la suivre déplantée et replantée au jardin de la vallée de chevreuse  et y entrer en permanence 

J’en revois, de ces maisons : comme ces cousins pharmaciens, dans la grande rue droite qui traverse Mirambeau, la maison bien trop grande, ses pièces inutiles et les souvenirs des voyages – eux, qui m’avaient offert Sergent Pepper’s, que je n’aurais eu les moyens de me procurer seul, ou bien même je n’aurais pas osé.

j'en revois de ces maisons : comme celle de ces oncle et tante dans la belle avenue de lamballe du paris seizième maison très grande à piano et salle de bains ou celle de ces autres au fond d'une cour rue falguière quinzième arrondissement de paris appartement à immense couloir courbe au bout duquel était ils disaient l'office et je crois gens de maison dans une immense pièce il y avait deux immenses fauteuils en cuir blond tabac

Ou bien quand les grands-parents, une fois le garage de Saint-Michel en l’Herm vendu, comme on vendrait quarante ans pile de sa vie, s’étaient établis à Luçon, quinze kilomètres, dans une maison où tout de la leur avait pu se poser armoire par armoire et chambre par chambre sans changement.

ou bien quand les grands-parents avaient quitté chacun leur enfance une de l'avenue emile zola l'autre de je ne sais pas où et s'étaient installés au fond du mariage quelques rues du paris quinzième plus loin avenue felix-faure ils avaient posé un buffet une petite vitrine une table six chaises une bibliothèque en acajou avec porte vitrée leur lit et une armoire il y avait un grand fauteuil louis XIII

Au lieu de ça, nous errons, à peine posés dans des villes malades.

sais-je habiter la maison mienne au présent de la vallée de chevreuse quatre fois pour toutes?

J’avance ici à tâtons : j’avais l’image de ce fauteuil, soudain retrouvé en août dernier, dans cette maison de Damvix où je n’étais pas entré depuis probablement vingt ans – ce n’est rien, vingt ans, quand on marche dans ses souvenirs. C’est beaucoup pour une maison : le ciment fatigue, les choses décrépissent, elles sont restées là pourtant, elles n’ont pas bougé, même ce désordre de papier, dans le tiroir du milieu du buffet, on pourrait trier ce qui remonter à quarante ans et plus, et porte les marques manuscrites de tant de décès depuis lors.

j'avance dans le souvenir de ce fauteuil louis XIII toujours là en sa permanence depuis plus de cent ans dans les maisons de la famille et avant en quel lieu. a-t-il été détrempé lors de la crue de la seine en 1910? 

Avenue Emile Zola

http://lefildutemps.free.fr/crue_1910/quinzieme.htm#emile_zola

 

il a déménagé peu aprés avec ma grand-mére au fond de son mariage avec fernand avenue felix-faure. il était installé devant la bibliothèque acajou à porte vitrée parallèle à la fenêtre (autant qu'un fauteuil peut -être parallèle à une fenêtre) en face du piano sur lequel était posé un rectangle d'eau dans lequel nageaient quelques poissons rouge. faisait face au fauteuil louis XIII celui de mon grand-père lorsquil recevait visite fauteuil roulant celui-là avec manivelles car il était cul de jatte . 

Dans son fauteuil, mon grand-père lisait le journal. J’en revois les vieux cartons, c’était L’Éclair, ou L’Ouest-Éclair avant que ça devienne Ouest-France– peut-être parce qu’à notre visite mensuelle nous les rapportions, les journaux du mois. Dans un garage c’est une marchandise qui a bien de l’utilité, pour protéger un tapis de sol de voiture (il n’y avait pas encore ces housses de nylon qu’utilisent maintenant les garagistes, et pour isoler aussi les pièces de carrosserie à repeindre.

dans son fauteuil roulant mon grand-père lisait Combat. le rituel de la lecture était lié à celui des petites miettes platese et brunes déposées à la surface du rectangle d'eau  pour nourrir les poissons rouge. puis venait le rituel de la couverture qu'il disposait autour de sa taille car il allait bientôt prendre sa place de vigie à la fenêtre et il se protégeait d'un petit vent qui passait en bas de la dite fenêtre qui avait nom coulis d'air

Et l’usure vaut pour un simple fauteuil de rotin, et son coussin maigre. Au point même de se dire, s’il a survécu ainsi, même dans la pièce à vivre qu’est la cuisine, c’est qu’on ne s’y assoit pas – enfin, pas beaucoup. Les deux fauteuils étaient en vis-à-vis de la fenêtre, pour la lumière, la cuisinière de fonte sur la gauche, pour la chaleur, mais un petit convecteur électrique rajouté, dans leurs dernières années, plus immobiles. À l’autre bout de la pièce en longueur, la pendule verticale, son carillon et son tic tac : comme dans toutes les maisons françaises, je suppose, le temps non pas pour qu’on le mesure, mais plutôt pour symboliser cette vie résiduelle des lieux, que vous soyez présent ou pas. C’est à côté qu’avait dû venir le poste de radio, puis, plus tard, la télévision – bien trop loin d’ailleurs pour que du fauteuil ils la regardent vraiment, sinon « les nouvelles », assis directement à la table, plus près. Lorsqu’il m’est arrivé de partager la maison avec ma grand-mère, dans les dernières années qu’elle y a passé, bien quinze ans après son décès à lui, pour lire le journal elle prenait son fauteuil, mais je ne me serais pas permis de prendre le vis-à-vis.

et l'usure est venue dans l'assise des visiteurs. fernand ne se déplaçait guére en dehors de la maison et pour cause.  il y avait le jour de la tante madeleine à l'haleine nauséabonde raie au milieu et frange au ras des yeux qui lui donnait l'air un peu buté petit ruban noir autour du cou pour tenir les rides véloces venait-elle de bezons où elle a tombeau. il y avait le jour du cousin lucien grand homme autrefois blond ou roux, en âge de grand-père lui aussi, on le disait avec du solennel respect dans la voix ingénieur aux ponts et chaussées un jour d'été où notre famille prenait vacances on apprit sa mort au soleil de la plage . il y avait le jour de la tante georgette elle venait de la rue d'en face houdart de la motte on pouvait lire sur la façade de son immeuble gaz à tous les étages elle aussi raie au milieu air un peu buté elle était originaire d'alsace. il y avait le jour de jacqueline souris. et il y avait tous les jours - l'une habitait le même appartement que le fauteuil, l'autre le cousin habitait l'appartement au-dessus - deux petits mioches juchés sur le fauteuil à goûter au vert paradis à jouer à des jeux au fond de leur enfance à s'inventer des paroles que personne ne retrouve au fond de leur adulteâge 

Aucun de nous pour contester à J-C. que cette maison devienne sienne : quand, à dix-huit ans, il a appris qu’il aurait à se passer de la vue, on a tous commencé d’en porter la question en nous-mêmes. Et c’est peut-être pour cela qu’il m’était à la fois si difficile d’y revenir, mais qu’en même temps c’est possible : dans la maison, le fenil, le garage, le jardin et même les conches, J-C. voit. Mais ce qu’il voit, c’est probablement exactement ce que je vois moi au-dedans, incapable de présent. Et donc la cuisine restée strictement à l’identique : que lui importe, à lui, qui voit avec les mains, et ces curieux sens de la présence à distance qui ne nous sont pas accessibles. Là où était l’ancien placard, on traverse le mur. J’ai beau savoir qu’il s’agit d’une ouverture banale à l’excès, de ciment brut (pourquoi J-C. se préoccuperait-il de peinture, et on dirait que les siens ont intériorisé cela aussi, que ça fait partie du partage qu’on lui doit), je ne pourrai jamais franchir cette ouverture sans l’impression que je traverse le placard et les objets qui sont sur les étagères de bois minces, déformées par l’humidité résiduelle et le poids de ce qu’elles contiennent. Ainsi, dans ce qui était leur chambre, et là où je l’ai vu pour la dernière fois, le salut qu’on fait aux morts, le front froid qu’on embrasse et ce curieux visage qu’on ne reconnaît pas [1], presque enfant et rétréci, les mêmes tableaux sont restés aux murs, et pareille la fenêtre qui semble désormais enterrée par la route sans cesse exhaussée, maintenant que Damvix est devenu une étape touristique dans le maraismouillé. Ils ont cassé la cloison et ils ont bien fait : d’ailleurs, à découvrir par la trace au plafond quelle en était l’épaisseur, ça n’a pas dû être difficile. L’armoire aux livres, qui est le terme de celui-ci, mais qu’il n’est pas temps de rejoindre encore, était ici, où il y a de vagues étagères et un journal. Ici aussi le téléphone, et comme c’était le seul aux Bourdettes, le nom du lieu-dit, le 6 à Damvix servait au voisinage, pour les vêlages notamment. L’armoire aux livres est partie au grenier, on devait aller la voir, et puis j’avais ma dose d’intensité, on a gardé ça pour plus tard.

la pièce habitée par le fauteuil on la disait salle à manger. je vois encore au-dedans la table le poële vert bronze avec une petite porte que l'on ouvrait quelquefois pour y glisser un plat que l'on voulait garder chaud à côté une petite vitrine où s'exposait quoi d'autre qu'une petite figurine danseuse espagnole à jupe volants et pois les six chaises et du côté opposé au fauteuil sur un petite table un grand poste de radio avec une petite ligne verte lumineuse trait de repérage des stations et j'entends encore au-dedans une sorte de gazouillis sonore lorsqu'on tournait un bouton qui modifiait la position du trait vert

Il n’aurait pas laissé se perdre du papier comme ça, le grand-père. Les enveloppes reçues par le courrier étaient décollées à l’eau dans une bassine, pendues au fil à linge pour séchage, et recollées à l’envers pour le prochain envoi.

jamais je n'ai vu la grand-mère dans le grand fauteuil Louis XIII

Ce que je sais, c’est que l’idée du journal quotidien s’est prolongée selon nos usages de la ville. Périodes où, reprenant le train pour Tours, le soir, j’achetais à la gare Montparnasse le Monde et l’heure de train était exactement le temps de la lecture intégrale, nécrologies et annonces de thèse compris. Est-ce que je passe moins de temps aujourd’hui à me renseigner sur le bruit du monde ? Pas moins de toute façon, même si je n’ai jamais dû acheter de journaux ni magazines au format papier depuis presque une dizaine d’années. C’est la façon de faire qui a changé, on peut aussi glisser vers des sources bien plus spécialisées, et les journaux n’ont plus le monopole de la réflexion écrite, pas plus que les livres imprimés le monopole de la littérature.

Après son décès, le journal continue d’arriver, de la même façon, à la même heure. Parfois, dans ces quelques mois (au retour de la Villa Médicis), où je m’héberge à Damvix, je romps avant elle la bande brune. Elle le lira après son repas. Je n’ai plus souvenir de comment ils le lisaient, sur les deux fauteuils, à tour de rôle ou en se passant les pages.

aprés le décès du grand-père le fauteuil s'est installé rue brézin quatorzième arrondissement de paris. et c'est le père qui s'y asseyait. il y lisait France-soir et le dimanche le Hérisson.  (le buffet avait déménagé chez un petit-fils en province avec la petite vitrine le poste de radio avait disparu dans un cimetière aux objets obsolètes) peu de jours avant sa mort il s'y asseyait encore. il avait habité trois fois pour toutes une au fond de son enfance et deux au fond de son mariage

« On parle de toi dans le journal », dépôt aussi de l’autorité symbolique : les accidents ou les prouesses. Peut-être que plus tard, dans ma propre famille, un bout d’article dans Ouest-France (y compris dans celui où, après inversion de ma photographie et de celle de Leslie Kaplan, les critiques des deux livres étaient inversées aussi) valait pour preuve bien mieux que le livre lui-même – mais il fallait qu’il s’agisse d’un journal légitime sur le territoire même, leMonde par exemple n’opérait pas.

aprés la mort de mon père, c'est dans le fauteuil Louis XIII que ma mère pleurait et lisait les journaux

La permanence serait dans ce rapport au verbe habiter  : l’isolement où on est, comment le relier à la communauté. Les lettres et le courrier postal l’accomplissent pour le domaine privé, le journal s’en fait la médiation pour le domaine public. Il se trouve que pour nous désormais les deux instances en gros se rejoignent, sans pourtant se confondre. Le temps de veille que j’organise est évidemment variable, n’est plus conditionné par la source unique du journal parce que c’est celui-ci dont on se saisit gare Montparnasse, ou bien qui vous arrive par la poste. Le matin, vers 5h, dans ma rue, j’entends le bruit de la Mobylette qui délivre à quelques personnes La Nouvelle République du Centre-Ouest, que pour ma part je ne lis pas – n’étant pas dépendant du territoire départemental ou régional pour mes activités.

je ne lis plus guère les journaux  papier et ma grand-mère s'appelait blanche

Quand l’heure de lecture était finie, ma grand-mère avait pour autre rituel de partir chez Blanche, la voisine, et lui porter le journal lu, en rapportait le journal de l’avant-veille, parce que Blanche à son tour avait passé celui de la veille à sa voisine, qui ne connaîtrait jamais la vie du monde autrement qu’à un jour de décalage. Presque une propagation de liens pour nous aujourd’hui, partageant les articles repérés, selon les diverses communautés qui sont les nôtres, et chacun ses intersections propres de communauté.

je ne me souviens pas avoir jamais vu ma grand-mère lire un journal

J’approche progressivement de l’armoire aux livres, qui sera mon terme, dans la pièce désormais sans cloison où je revois le front dur et blanc du grand-père mort.

le fauteuil Louis XIII  habite maintenant une maison de l'ancienne seine et oise, dans la rue qui passe sous un viaduc. on y voit certains jours à côté d'une fenêtre une femme assise lisant écrivant sur un rectangle plat et lumineux

Au mois d’août dernier, j’ai revu ce fauteuil, comme à la fois surpris qu’à écart de vingt ans, en rotin fragile, il ait pu ne pas s’éloigner de la fenêtre avec la lumière, et du petit convecteur électrique, à la fois dans la certitude que c’était normal. Peut-être que J-C., propriétaire désormais de la maison, utilise le fauteuil pour cette légitimité même. Moi j’y revoyais le moment, après repas, qui était réservé à la lecture du journal : l’identification qu’on a à l’information quand elle est liée à celui de votre communauté, qui était d’abord celle d’un pays, la commune, le canton, le département – puisque ainsi était construit le journal –, pour eux qui savaient encore habiter. Ce ne l’est plus pour nous.

en ce mois de janvier 2012 sais-je encore habiter?
 


texte de françois en caractères romains
© François Bon _ 1ère mise en ligne et dernière modification le 7 janvier 2012
texte mien en caractères italiques
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quelque chose bloque pour que le texte soit entièrement bien justifié à droite / ai encore des progrès à faire à moins que cela vienne de la bascule texte rédigé sur iPad vers terface de typepad

 

samedi 14 jan 2012

samedi 14 jan 2012

baleine paysage 13

 

fond de l'âme en promenade dans petite flaque ondulée avec morceau de ciel / Vent vient en 5 janvier 2012 avec deux tourterelles turques rosé sable comme un charme du réel / Vent va jusquà équihen dans les haubans sa main dans la sienne en douceur de confiance et sa soeur de l'autre côté du grand manteau et sa main aussi  dans la sienne / un avion fait son bruit à l'approche d'orly / dans l'escalier une petite fenêtre à morceaux de couleurs joue de grince avec Vent / un bas-rouge en mémoire au pied de l'escalier au cas où Vent et fenêtre en grince effarouchent les enfants / le chat roux en sommeill sur un lit / la ville en voitures chantiers boutiques et macadam / des mésanges yeux maquillés ventre jaune tête bleue se succèdent à picorer sur la rambarde de fenêtre / et une baleine échouée sur sa rive de percale goûte à l'agitation de Vent /

 


vendredi 13 jan 2012

 

fond de l'âme en promenade dans petite flaque ondulée avec morceau de ciel / Vent vient en 5 janvier 2012 avec deux tourterelles turques rosé sable comme un charme du réel / Vent va jusquà équihen dans les haubans sa main dans la sienne en douceur de confiance et sa soeur de l'autre côté du grand manteau et sa main aussi  dans la sienne / un avion fait son bruit à l'approche d'orly / dans l'escalier une petite fenêtre à morceaux de couleurs joue de grince avec Vent / un bas-rouge en mémoire au pied de l'escalier au cas où Vent et fenêtre en grince effarouchent les enfants / le chat roux en sommeill sur un lit / la ville en voitures chantiers boutiques et macadam / des mésanges yeux maquillés ventre jaune tête bleue se succèdent à picorer sur la rambarde de fenêtre / et une baleine échouée sur sa rive de percale goûte à l'agitation de Vent /

 


vendredi 13 jan 2012

vendredi 13 jan 2012

baleine paysage 12

 

sous la langue qu'est-ce qui a glissé ? / dans une fenêtre à lumière de poésie une inquiétude fixe Esther / la lune touche le ciel de la nuit / son d'avion pour un ah les voyages certains applaudiraient / une belle endormie quelque part vers la forêt de Brocéliande 4 janvier 2012 / dans une chambre quelqu'un ne dort pas / au ventre récurrence des valeurs / une baleine échouée s'installe encore dans le poème près d'un pétale fané rose

 


jeudi 12 jan 2012

 

sous la langue qu'est-ce qui a glissé ? / dans une fenêtre à lumière de poésie une inquiétude fixe Esther / la lune touche le ciel de la nuit / son d'avion pour un ah les voyages certains applaudiraient / une belle endormie quelque part vers la forêt de Brocéliande 4 janvier 2012 / dans une chambre quelqu'un ne dort pas / au ventre récurrence des valeurs / une baleine échouée s'installe encore dans le poème près d'un pétale fané rose

 


jeudi 12 jan 2012

jeudi 12 jan 2012

amal game

 

vers justifiés (22) / essai 

 

amal game à lance-rais

mousse des rayons rimb

bombardements miel bre

tonnes bombardes biblio

thèques à bosons rayon

nages et soleils ultra

violet le rayon de tes

yeux vlan dans le mill

e bombyx et vers à soi

tombe vertical au sols

tice l'été d'un puits

ô lumière éblouissante

te laisseras-tu te lai

sseras-tu rayir si par

hasard dans le tunnel

en pays à grand effroi

tu croises troubadours

ou lou bel Lucien Suel

ou Christine Jeannney

qu'ils virent brûlures 

froidure et grand paur

 


jeudi 12 jan 2012

 

vers justifiés (22) / essai 

 

amal game à lance-rais

mousse des rayons rimb

bombardements miel bre

tonnes bombardes biblio

thèques à bosons rayon

nages et soleils ultra

violet le rayon de tes

yeux vlan dans le mill

e bombyx et vers à soi

tombe vertical au sols

tice l'été d'un puits

ô lumière éblouissante

te laisseras-tu te lai

sseras-tu rayir si par

hasard dans le tunnel

en pays à grand effroi

tu croises troubadours

ou lou bel Lucien Suel

ou Christine Jeannney

qu'ils virent brûlures 

froidure et grand paur

 


jeudi 12 jan 2012

jeudi 12 jan 2012

baleine paysage 11

 

presque midi de soleil sur la joue d'un janvier doux comme matin d'été / le chat et un son de gorge en chemin de rêve et poil roux ensoleillé / du thé vert encore dans la tasse à décor de roses / un avion traverse le ciel par la fenêtre / grince le tablier de la cheminée c'est le vent quelqu'un souffre-t-il / une porte s'ouvre là-haut / on entend des pas dans les étages / la mousse s'offre vert pré à l'aisselle des branches / un chien d'andalousie vient en fantôme avec lame de rasoir et oursins visiter les phrases  / une baleine échouée prés d'une moderne machine à écrire se souvient d'un autrefois avec "salade de betteraves rouges arrosées de jus d'orange et parsemées d'un peu de persil ciselé, d'échalotes émincées et de graines de sésame dorées."

 



mercredi 11 jan 2012

 

presque midi de soleil sur la joue d'un janvier doux comme matin d'été / le chat et un son de gorge en chemin de rêve et poil roux ensoleillé / du thé vert encore dans la tasse à décor de roses / un avion traverse le ciel par la fenêtre / grince le tablier de la cheminée c'est le vent quelqu'un souffre-t-il / une porte s'ouvre là-haut / on entend des pas dans les étages / la mousse s'offre vert pré à l'aisselle des branches / un chien d'andalousie vient en fantôme avec lame de rasoir et oursins visiter les phrases  / une baleine échouée prés d'une moderne machine à écrire se souvient d'un autrefois avec "salade de betteraves rouges arrosées de jus d'orange et parsemées d'un peu de persil ciselé, d'échalotes émincées et de graines de sésame dorées."

 



mercredi 11 jan 2012

mercredi 11 jan 2012

baleine paysage 10

 

souffle le vent passe le ciel se déchausse ou quoi / qu'est-ce qui fait mourir les escargots / au jardin s'éparpillent coquilles vides pâles grises / l'orchidée regarde de toutes ses fleurs nervurées rose violet quelqu'un là / une fenêtre s'ouvre soudain vling se ferme / vling le vent pousse les crémones mal fermées / le dormant se réveille / quel fantôme a passé / quelle âme a fait le saut / peut-être visite d'une autrefois pomponnette habituée d'un fauteuil en velours bleu foncé / les hautes branches du pin balancent leur vert persistant / du thé fume encore un peu du matin / les twitt font leur ronde aux bords des mondes / il reste tant de choses à faire avec une liste ça réconforte / le regard dans les nuages près d'un habitacle à porte bleu pâle une baleine échouée existe / 

 

 


mardi 10 jan 2012

 

souffle le vent passe le ciel se déchausse ou quoi / qu'est-ce qui fait mourir les escargots / au jardin s'éparpillent coquilles vides pâles grises / l'orchidée regarde de toutes ses fleurs nervurées rose violet quelqu'un là / une fenêtre s'ouvre soudain vling se ferme / vling le vent pousse les crémones mal fermées / le dormant se réveille / quel fantôme a passé / quelle âme a fait le saut / peut-être visite d'une autrefois pomponnette habituée d'un fauteuil en velours bleu foncé / les hautes branches du pin balancent leur vert persistant / du thé fume encore un peu du matin / les twitt font leur ronde aux bords des mondes / il reste tant de choses à faire avec une liste ça réconforte / le regard dans les nuages près d'un habitacle à porte bleu pâle une baleine échouée existe / 

 

 


mardi 10 jan 2012

mardi 10 jan 2012

baleine paysage 9

 

une pie répétitive à la steve reich dans la nuit du matin / quelqu'un monte l'escalier / le temps le temps et un peu de jour point / un peu de jour un peu de jour et le soleil a dû passer l'horizon / la glace de l'armoire réfléchit / au-dessus de la cheminée de marbre gris celle à encolure dorée réfléchit / le chat roux dort sur la percale coquille d'oeuf à motifs marguerites à moins que camomille / le temps le temps le temps et un éclat de soleil dans la chambre sur la grande toile bleue / une mésange bleue sur la boule de graines et graisse suspendue à la rembarde du balcon / on entend 2 janvier le bruit annoncé d'une naissance / sur une place urbaine une baleine échouée songe à l'océan /

 

 

lundi 09 jan 2012

 

une pie répétitive à la steve reich dans la nuit du matin / quelqu'un monte l'escalier / le temps le temps et un peu de jour point / un peu de jour un peu de jour et le soleil a dû passer l'horizon / la glace de l'armoire réfléchit / au-dessus de la cheminée de marbre gris celle à encolure dorée réfléchit / le chat roux dort sur la percale coquille d'oeuf à motifs marguerites à moins que camomille / le temps le temps le temps et un éclat de soleil dans la chambre sur la grande toile bleue / une mésange bleue sur la boule de graines et graisse suspendue à la rembarde du balcon / on entend 2 janvier le bruit annoncé d'une naissance / sur une place urbaine une baleine échouée songe à l'océan /

 

 

lundi 09 jan 2012

lundi 09 jan 2012

baleine paysage 8

 

 

l'avancée des travaux - grilles rouillées bétonneuse grues jaunes - à l'entrée de passage chemin de fer à côté du restaurant japonais à côté de la pharmacie au rondibet du radada à fleurs municipales changées fond et comble tous les trois mois merci aux contribuables / l'avancée des travaux rue du lycée grue potain martèlement enfonçures dans macadam de rue dans terre de jardin de l'ancien demouchy ci-autrefois horticulteur quelques vieilles racines encore s'en souviennent / monsieur auriez-vous l'amabilité de me dire si le ph de cet échantillon de terre de mon jardin peut convenir pour planter plusieurs variétés de tulipes si ce n'est pas le cas dites-moi je vous prie avec quels ajouts je peux l'amender veuillez aussi me donner un rendez-vous pour venir choisir les bulbes veuillez recevoir monsieur l'expression de mes salutations distinguées / la charcuterie a changé de propriétaitre dit la pancarte à côté de boudin aux pommes et filet de sandre / la rivière aux truites près de st florent le vieil à l'aurore des bottes en caoutchouc pour entrer et rester dans le courant de l'eau / le ventre d'une baleine échouée brille sur la berge d'un souvenir /

 

   

dimanche 08 jan 2012

 

 

l'avancée des travaux - grilles rouillées bétonneuse grues jaunes - à l'entrée de passage chemin de fer à côté du restaurant japonais à côté de la pharmacie au rondibet du radada à fleurs municipales changées fond et comble tous les trois mois merci aux contribuables / l'avancée des travaux rue du lycée grue potain martèlement enfonçures dans macadam de rue dans terre de jardin de l'ancien demouchy ci-autrefois horticulteur quelques vieilles racines encore s'en souviennent / monsieur auriez-vous l'amabilité de me dire si le ph de cet échantillon de terre de mon jardin peut convenir pour planter plusieurs variétés de tulipes si ce n'est pas le cas dites-moi je vous prie avec quels ajouts je peux l'amender veuillez aussi me donner un rendez-vous pour venir choisir les bulbes veuillez recevoir monsieur l'expression de mes salutations distinguées / la charcuterie a changé de propriétaitre dit la pancarte à côté de boudin aux pommes et filet de sandre / la rivière aux truites près de st florent le vieil à l'aurore des bottes en caoutchouc pour entrer et rester dans le courant de l'eau / le ventre d'une baleine échouée brille sur la berge d'un souvenir /

 

   

dimanche 08 jan 2012

dimanche 08 jan 2012

beau présent @liminaire

 

 

en lisant le blog de livre au centre

découvre ce jeu à contrainte oulipienne dit : Un beau présent 

 

– il s’agit d’écrire avec les lettres d’un prénom, d’un nom, et exclusivement celles-ci  

 et m'en empare : 

 

 

beau présent de liminaire 

 

 

en mer en mail

lit relie rallie

limaille luit

 

marelle ailée

lamelles aériennes

émail luit

 

mailles de laine

lames et nielles

narré luit

 

railleries amères éliminées

rien ne nuit

rire luit

 

élan

nuit ailée

aimer luit 
.
.
.
.
.
liminaire http://www.liminaire.fr/ blog de pierre ménard, maître d'oeuvre de si belle revue d'ici là; parution ces jours-ci du n°8 chez publie.net
.
grand remerciement
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dimanche 08 jan 2012

 

 

en lisant le blog de livre au centre

découvre ce jeu à contrainte oulipienne dit : Un beau présent 

 

– il s’agit d’écrire avec les lettres d’un prénom, d’un nom, et exclusivement celles-ci  

 et m'en empare : 

 

 

beau présent de liminaire 

 

 

en mer en mail

lit relie rallie

limaille luit

 

marelle ailée

lamelles aériennes

émail luit

 

mailles de laine

lames et nielles

narré luit

 

railleries amères éliminées

rien ne nuit

rire luit

 

élan

nuit ailée

aimer luit 
.
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liminaire http://www.liminaire.fr/ blog de pierre ménard, maître d'oeuvre de si belle revue d'ici là; parution ces jours-ci du n°8 chez publie.net
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grand remerciement
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dimanche 08 jan 2012

dimanche 08 jan 2012

baleine paysage 7

 

 

un écureuil équilibriste sur portail en fer et une ribambelle de pinceaux surtout martre kolinski dansent roux dans l'air / des mésanges dans la nuit bientôt disparue pioupioutent le chant bleu / on entend vromber un gros avion / au fond des lits ils dorment encore / les verts pâturages reposent en campagne de hurepoix et près des boucles de la seine / une carrière sommeille blanche / en haut du chemin à l'orée une baleine échouée rêve aux haies d'aubépine /

 

 

samedi 07 jan 2012

 

 

un écureuil équilibriste sur portail en fer et une ribambelle de pinceaux surtout martre kolinski dansent roux dans l'air / des mésanges dans la nuit bientôt disparue pioupioutent le chant bleu / on entend vromber un gros avion / au fond des lits ils dorment encore / les verts pâturages reposent en campagne de hurepoix et près des boucles de la seine / une carrière sommeille blanche / en haut du chemin à l'orée une baleine échouée rêve aux haies d'aubépine /

 

 

samedi 07 jan 2012

samedi 07 jan 2012

rebond à todo liste, 194 de christine jeanney et photo @fbon



rebond à todo liste, 194 de christine jeanney et photo @françois bon

merci à christine de me laisser "piller" la photo, et françois, je crois, ne m'en voudra pas

 

Mod_article29986636_1
photo @fbon dans todo liste, 194 de christine jeanney

Jivaros-01.jpg02
tsantsa jivaro / photo cueillie dans ce blog : http://ethnoarts.over-blog.com/article-le-peuple-jivaro-64128608.html

 

- beaucoup de curare beaucoup de consultations de shaman pour ces jivaros entre équateur et pérou dans des guerres insolites en des forêts lointaines où les ennemis se déplacent sur d'étranges engins et dont les têtes sont couvertes d'étranges peaux laissant deviner quelquefois les yeux
.
- sarbacane carquois fléche empoisonnée, la mort s'avance, mais visée dificile car ces hommes-là ont perdu leur nudité et semblent protégés par des esprits puissants car leur corps aussi recouverts d'étranges peaux;  trés habiles les jivaros en tuent néanmoins et chaque homme une fois tué, son meurtrier lui coupe la tête en taillant les muscles au niveau épaules et se débarasse de cet étrange parure de tête car elle ne résiste pas à l'eau bouillante
 
- dans les  cérémonies de réduction de tête de ces ennemis-là le rituel a étè modifié et ces éléments nouveaux ont été conservés et exposés; l'âme du mort demeure alors captive en deux lieux : tête réduite et parure de tête
.

 

samedi 07 jan 2012



rebond à todo liste, 194 de christine jeanney et photo @françois bon

merci à christine de me laisser "piller" la photo, et françois, je crois, ne m'en voudra pas

 

Mod_article29986636_1
photo @fbon dans todo liste, 194 de christine jeanney

Jivaros-01.jpg02
tsantsa jivaro / photo cueillie dans ce blog : http://ethnoarts.over-blog.com/article-le-peuple-jivaro-64128608.html

 

- beaucoup de curare beaucoup de consultations de shaman pour ces jivaros entre équateur et pérou dans des guerres insolites en des forêts lointaines où les ennemis se déplacent sur d'étranges engins et dont les têtes sont couvertes d'étranges peaux laissant deviner quelquefois les yeux
.
- sarbacane carquois fléche empoisonnée, la mort s'avance, mais visée dificile car ces hommes-là ont perdu leur nudité et semblent protégés par des esprits puissants car leur corps aussi recouverts d'étranges peaux;  trés habiles les jivaros en tuent néanmoins et chaque homme une fois tué, son meurtrier lui coupe la tête en taillant les muscles au niveau épaules et se débarasse de cet étrange parure de tête car elle ne résiste pas à l'eau bouillante
 
- dans les  cérémonies de réduction de tête de ces ennemis-là le rituel a étè modifié et ces éléments nouveaux ont été conservés et exposés; l'âme du mort demeure alors captive en deux lieux : tête réduite et parure de tête
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samedi 07 jan 2012

samedi 07 jan 2012

baleine paysage 6

 

il y a des choses elles commencent coton s'effiloche dans l'air du temps cherche branche d'accroche ou pointes d'acier fil de fer de nos vies où s'arrache un peu de la laine des pensées à écrire / il y a des choses elle entrent dans l'espace intérieur et quelque chose dedans se plaint de l'incursion / ça pénètre comme brume et ça demeure comme envahisseur dans la place /  il y a  une baleine échouée au fond des bois

 

vendredi 06 jan 2012

 

il y a des choses elles commencent coton s'effiloche dans l'air du temps cherche branche d'accroche ou pointes d'acier fil de fer de nos vies où s'arrache un peu de la laine des pensées à écrire / il y a des choses elle entrent dans l'espace intérieur et quelque chose dedans se plaint de l'incursion / ça pénètre comme brume et ça demeure comme envahisseur dans la place /  il y a  une baleine échouée au fond des bois

 

vendredi 06 jan 2012

vendredi 06 jan 2012

baleine paysage 5

 

 

jambes lancées vers le ciel fines fines comme branches / cuisses comme branches et maîtresses / piaillement de mésanges près de la rembarde de fenêtre en presque rinceaux /  le ciel regarde en blanc et morceaux bleus / il bouge un peu avec un peu de souffle vent / le chat roux dort sur un lit / une lampe encore dans le jour matin de la chambre / du thé dans une tasse à décor de roses / non loin de là une baleine échouée sur un rivage de percale observe des tilleuls de décembre 30

 

 

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